Extrait de Testicul
Début du récit :
"Ses testiculs ballent entre ses cuisses. Je n’aperçois déjà plus les poils qui les duvètent. Son vit doit être dressé puisque je ne le vois pas, preuve que l’excite l’exercice de soumission auquel, en peine d’imagination, je l’ai soumis, dans cette réserve du Serengeti où un immense troupeau de gnous bleus éructant mille gnou…gnou…gnou affolés vient de laisser derrière lui une traînée de bousin sous une nuée jaune. Hum… Ne serait-ce un chouïa trop poétique cette façon de nuée pour un si bas matériel grégaire ?... Sus à si navrant repentir ! tant nous savons que, contrairement à la guenon infiniment plus romantique et maniérée, voire un tantinet enfantine lorsque courroucée par quelque abus de son mâle elle lui balance une mangue en pleine poire, la gnoute, elle, recèle un pouvoir magistral d’érection de l’imagination. C’est pourquoi je voulais que Luc fît le gnou, à quelques mètres devant moi, à quatre pattes, les genoux irrités par les aspérités de la piste, les naseaux obstrués par la poussière de la savane. On perçoit nettement sous la plante de mes pieds le martèlement des milliers de sabots partis chercher de l’eau. Cela résonne comme un tambour de 14 763 km2. Luc pivote sa tête vers moi ; (ouh, désolée pour cette petite verge pointée, inopinément fichée là – il faudra s’y habituer) je ne lui donne pas encore l’autorisation de rompre son exercice. Il continue de dandiner la rutilance galbée de ses cuissots, ses testiculs ballent entre ses cuisses ; mais son vit, ah, vient de retomber. La crainte de croiser une rhinocérosse en cuissardes, une meute de lycaonnes en goguette ou de se faire piquer par une cantharide en chaleur, probablement. Et puis son dos, qu’il a arqué plus qu’une croupe de chevreuil s’apprêtant à exécuter un saut de chatte, doit commencer à souffrir de la brûlure du soleil.[...]