Extraits inédits d’Ovaine
25/10/2021
Un rêve tentaculaire visite Ovaine.
Elle doit rendre visite à un petit poulpe qu’elle connaît depuis qu’il est né et dont l’âme ne tient plus qu’à une pellicule de sel.
– Voilà des lustres qu’on m’a oublié. Tous se sont évaporés, même l’eau, geint-il derrière son rocher poussiéreux.
– Moi je suis toujours à flot, lâche-t-elle en déversant une trombe de larmes dans l’aquarium vide.
Et le pulpito d’agiter soudain tous ses bras dans une frénésie de résurrection.
Ovaine est désormais assignée au pleur jusqu’à évaporation de son rêve.
07/11/2021
Ovaine, par désœuvrement, vient d’assassiner un jeune roi sanguinaire.
Elle court se rendre à la police pour éviter d’être dénoncée. – C’est moi que je l’ai tué.
– Zavez nonobstant un alibi en béton armé : zêtiez à la fête à neuneu où vous jouiez la Femme Invisible transpercée par un sabre ! Alors ?
Son procès connaît, vous l’imaginez bien, un retentissant succès.
Faute de preuve, mais dans le doute, elle est condamnée à 10 ans de prison avec 12 ans de sursis ferme.
Il lui reste donc 2 ans d’assassinats à commettre.
14/11/2021
Au sortir de son antre, Ovaine, dans les vaps, heurte une turbulence aérienne.
– T’es qui, toi la greluche de grotte ?
– Une grelotte de gruche et vous donc ?
– Du vent ! Me suis fissa tiré d’une baston de nuages avec éclair et l’toutim, que ça m’a cramé l’entournure. Mate donc.
Ovaine jette un œil à l’entournure. Hum, pas joli joli... Mais y a du potentiel.
Alors elle l’oint onctueusement d’un souffle radieux qui les aspire au fond de son alcôve. (Son loup pudique se retire sur la pointe de ses pattes fraîches)
28/11/2021
Ovaine a rendez-vous chez L’âne Esthésis, un ponte de haute cour, pour une opération du saint-esprit.
Impressionnée, elle glousse plus qu’elle n’éloque, l’œil en spirale.
L’âne Esthésis, comme aspiré, commence à perdre contenance, bat même un peu de l’aile et des oreilles.
Hypnotisé, il finit par s’endormir, la pikouze à la main.
Ovaine, l’œil toujours en spirale, n’en revient pas... Pour en revenir et le réveiller, elle tente de braire. Rien à faire…
Alors tous deux se croisent sur un vaste parallèle, insensibles aux perturbations atmosphériques.
05/12/2021
« LA MORT S’EST ÉVADÉE », lit-on soudain sur tous les écrans. Les poules claquent des dents. Le monde a la chair de poule.
Le loup grêle, à la tête du diabolique Labo Lobo and Lobo, décide d’enrayer cette épidermie et de coincer la Mort.
En douce et blouse blanche, il aspire avec une paille tout le bon jus d’Ovaine durant son sommeil.
Riche alors d’hectolitres d’ovanium, à bord d’une ambulance il asperge à tout va tout ce qui bouge, y compris ce qui ne bouge pas.
La Mort en cavale s’aventure aveuglément au chevet d’Ovaine qu’elle croit partir chez les taupes. Le loup, en embuscade, lui plante alors une overdose d’Ovaine. OLÉ !
La Mort, piquée au vif, rentre au mitard, tandis qu’Ovaine, aux anges, apprend dans le journal qu’elle a survécu à la vie. (Le loup, quant à lui, se pique d’assurer en secret son éternité.)
15/12/2021
Dans la pampa, Ovaine, toute pimpante bien qu’archi pompette, avise un cheval crépusculaire en robe de bal, qui broute un brin.
– Chpeux te débourrer avant que t’ailles guincher, tu sais, hoquète-t-elle.
– Monte donc, Marilyn, piaffe-t-il, que je m’esclaffe et m’esbaudisse ! Hiiiiiiiiiiiiiii !
Et Ovaine de lui gravir l’échine en lui tirant si fort les cheveux qu’il l’envoie valser à tours de bras dans le décor.
Dégrisée sur le coup, Ovaine esquisse un petit pas de deux dans un froufrou de soie.
L’étalon, bouleversé, l’invite alors à un tango crépusculaire sous le regard crépitant des étoiles.
20/12/2021
Au grand jamais, foi d’Ovaine, Ovaine ne mentirait sur son âge.
Seulement, elle ne le connait pas. Jamais entendu parler. Ni le carbone 14 ni le rayon X, c’est vous dire.
Il n’est pas encore né celui qui l’a vue naître. Nulle trace à la maternité, encore moins à la paternité…
Un matin, le Contrôleur de l’Âge, un vieux machin parcheminé, lui tend son relevé d’existence : elle est à découvert.
Si dans les siècles à venir elle n’a pas fourni un certificat de NATIVITÉ, son compte est bon !
Pour fêter ça, Ovaine, faute d’âne et de bœuf, embrasse sur les lèvres son loup hors d’âge dont les crocs de fine porcelaine s’entrechoquent de plaisir.
04/01/2022
Ovaine est convoquée de toute urgence : tant qu’elle n’aura pas fait preuve de bonne volonté, sa vie lui sera confisquée jusqu’à nouvel ordre.
– Mais je veux rien, feule-t-elle en écarquillant les dents, je sais même pas ce que ça veut dire.
L’agent, pour la faire taire, l’emballe aussitôt sous plastique et la fourgue dans un congélo empli d’involontaires invétérés.
Tandis que son fantôme sort du Bureau des Confiscations, pantelant, sans même un pantalon à se mettre sur le dos, Ovaine s’active à souffler sur ses codétenus qui commencent à dégeler.
C’est bientôt une telle débâcle que tous claquent la porte du frigo sous les yeux révulsés de l’agent qui, pour échapper à ses propres poursuites, inscrit cette volonté de ne pas vouloir sur le compte de la veulerie.
Alertés, les ours polaires dévalent le pôle pour grossir les rangs des décongelés qui manifestent opiniâtrement contre tous ceux qui leur en veulent.
14/01/2022
Un jour qu’Ovaine respire un peu trop fort de contentement, elle inspire un moustique en maraude.
Le voilà dès lors éperdument lancé dans une aria nasale dont résonnent bientôt les vastes alentours.
Le Sinistre de le Santé, alerté par une mouche, sort du bois et lui bloque le passage :
– Tu respires trop fort pour un calibre de ton espèce. Donne ton code.
– Tutoimoipa, qu’Ovaine lui injecte en intraveineuse, tandis que le moustique, plus inspiré que jamais, se tait, trompe en l’air, pour sauver sa peau...
... et profite de l’aubaine pour se tirer du nez et piquer dans l’œil le Sinistre qui hurle jusqu’aux vastes alentours.
15/01/2022
Au cours d’une conférence sur l’ovanisme, Ovaine, très en veine, ouvre grand les vannes.
– En cette période inouïe d’évanouissement de tout ce qui s’épanouit, je me porte candidate à la providentielle.
Seul dans l’hémicycle, son loup ultra grêle aux yeux de braise applaudit à tout rompre.
Ebranlés, rats, taupes, mites, larves et araignées montées sur ressort affluent pour se joindre au boxon.
Ovaine, qu’un tel engouement déchaîne, annonce le retour de Brise de la Pastille qu’on croyait hors course.
Il surgit, plus effervescent que jamais et, dans une tornade de postillons, brandit sa tête au bout d’une pique pour qu’on la lui pique pas.
28/01/2022
Chaque ovdi midi, au bout d’une laisse Ovaine promène son ombre sur le trottoir.
Et toutes les petites ombres albinos des rats camés et des mémés cracra, de s’y réfugier pour échapper à l’œil brûlant des caméras.
Le loup, très ombrageux, fait la voiture balais en cas qu’un trainard se fasse embarquer.
Ovaine balade ainsi à l’ombre de son ombre un peuple d’ombres de plus en plus nombreuses.
Elle couvre la terre d’une incertaine taie comme d’un humus tendre que le loup, de ses pattes griffues, laboure.
Bientôt des germes d’ombrellifères pointent leurs folioles pour une moisson mélancolique et folle.
03/02/2022
Pour la première fois de son inexistence, Ovaine s’expérimente, histoire d’exhiber son cul erre-code devant qui l’en requiert.
Hélas, elle manque d’expérience et rougit plus qu’un prépuscule dans une flaque de lait.
Un bouffon du roi aussitôt la saigne à résidence avec une double prune et même un ver à l’intérieur.
Triste comme une muraille, le ver jure qu’il n’y est pour rien, la preuve, il s’en va…
Ovaine aussi jure qu’elle n’y est pour rien, la preuve elle s’en va…
Tous deux, plus libres que l’air, décident d’y être enfin pour quelque chose et chantent comme des casseroles à la tête d’un régiment d’enfanterie.